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gagner les magistrats des différentes villes, d’exiger d’eux les plus grands gages de fidélité, et de les engager à déclarer la guerre aux Lacédémoniens. Timocrate part et fait accepter ses dons à Androclidas, Isménias et Galaxidore dans la ville de Thèbes, à Timolaüs et à Polyanthe dans celle de Corinthe, à Cylon et à ses amis dans celle d’Argos. Les Athéniens, tout en ayant reçu de cet or, désiraient cependant la guerre, se croyant sous le joug de Sparte. Ceux qui ont reçu de l’argent commencent par déclamer contre les Lacédémoniens dans leurs propres villes ; et, lorsqu’ils ont excité la haine contre eux, ils liguent les États les plus considérables les uns avec les autres.

Le gouvernement de Thèbes, sentant que, si l’on ne commence pas la guerre, les Lacédémoniens ne voudront pas rompre leur trêve avec leurs alliés, persuade aux Locriens Opontiens de lever de l’argent sur le territoire en litige des Phocéens : il espérait que les Phocéens se jetteraient aussitôt sur la Locride. Le fait justifie cette présomption ; les Phocéens se jettent aussitôt sur la Locride et enlèvent des richesses considérables. Aussi le parti d’Androclidas a-t-il bientôt persuadé les Thébains de secourir les Locriens, puisque les Phocéens avaient envahi non pas un territoire en litige, mais un pays reconnu ami et allié, la Locride. Lors donc que les Thébains, faisant une nouvelle irruption en Phocide, ravagent le pays, les Phocéens envoient à l’instant des députés à Lacédémone pour réclamer ses secours, dont ils se croyaient dignes, n’ayant point commencé la guerre, mais ayant seulement marché contre les Locriens pour les repousser. Les Lacédémoniens saisissent avec joie ce prétexte de faire la guerre aux Thébains. Il y avait longtemps qu’ils leur en voulaient pour leur réclamation en faveur d’Apollon de la dîme du butin de Décélie, et pour leur refus de les accompagner à l’attaque du Pirée. Ils les accusaient d’avoir engagé les Corinthiens à ne point leur venir en aide. Ils n’avaient pas oublié non plus comment ils avaient empêché Agésilas de sacrifier à Aulis, arraché les victimes de l’autel et refusé de suivre Agésilas en Asie. Ils réfléchissent que c’est une belle occasion de conduire une armée contre eux et de mettre fin à leur insolence. Leurs affaires en Asie sont dans un état prospère, grâce aux victoires d’Agésilas, et en Grèce, ils n’ont point d’autre guerre sur les bras. Les esprits des citoyens étant dans cette disposition, les éphores annoncent aux Lacédémoniens que la guerre est déclarée. Ils envoient