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sans le consentement des magistrats de son pays. « Eh bien, dit Tithraustès, en attendant que tu reçoives les instructions de ta cité, retire-toi sur les terres de Pharnabaze, puisque moi je t’ai vengé de ton ennemi. — Oui, reprend Agésilas, mais à condition que tu fourniras à mon armée les provisions nécessaires jusqu’à ce que je sois arrivé. » Tithraustès leur donne donc trente talents ; il les prend et marche contre la Phrygie, qui était à Pharnabaze. Comme il était dans la plaine au delà de Cymé, arrive un député des magistrats de Sparte qui lui dit de prendre aussi le commandement de la flotte et de choisir qui il veut pour navarque. Les Lacédémoniens agissaient ainsi d’après ce raisonnement que, si le même chef commandait les deux armées, celle de terre gagnerait beaucoup en puissance, grâce à la concentration des forces respectives, et la flotte pourrait être soutenue, partout où cela serait nécessaire, par l’armée de terre. En apprenant cette nouvelle, Agésilas engage les villes situées sur les îles ou au bord de la mer à construire chacune autant de trirèmes qu’elle veut. Il obtient ainsi un renfort de cent vingt vaisseaux provenant tant des villes, auxquelles il l’a commandé, que des particuliers qui veulent s’attirer ses bonnes grâces. Il choisit pour navarque Pisandre, frère de sa femme, homme ami de la gloire et d’une âme vigoureuse, mais qui n’avait pas le talent de prendre les mesures voulues. Pisandre part pour aller remplir ses fonctions navales ; Agésilas continue sa marche contre la Phrygie.


CHAPITRE V.


Tithraustès soulève les États grecs contre les Lacédémoniens. — Les Thébains leur déclarent la guerre. — On envoie contre eux Pausanias et Lysandre. — Mort de Lysandre. — Pausanias est condamné à mort.


(Avant J. C. 395.)


Cependant Tithraustès, croyant s’apercevoir qu’Agésilas méprise la puissance du roi, et que, bien loin de songer à évacuer l’Asie, il nourrit plutôt de grandes espérances de soumettre le roi, envoie en Grèce, dans son incertitude sur le parti à prendre, le Rhodien Timocrate, auquel il remet en or une somme d’environ cinquante talents d’argent, avec la recommandation de