Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/481

Cette page a été validée par deux contributeurs.

faire obstacle. Le sacrifice terminé, il marche contre la ville, ravageant et brûlant le pays, et s’empare d’une quantité extraordinaire de bestiaux et d’esclaves. Au bruit qui s’en répand, nombre d’Arcadiens et d’Achéens viennent aussi spontanément prendre part à l’expédition et au butin, de sorte que cette campagne fut une sorte d’approvisionnement pour le Péloponèse. Arrivé près de la ville, Agis ravage les faubourgs et les gymnases remarquables par leur beauté ; quant à la ville, dépourvue de murailles, on pense bien que, s’il ne la prit point, ce ne fut pas faute de le pouvoir : il ne le voulut pas.

Pendant qu’il ravage le pays et que l’armée campe autour de Cyllène, Xénias, qui passait pour avoir mesuré au boisseau l’argent qu’il avait hérité de son père, veut, avec son parti, livrer la ville aux Lacédémoniens. Ils s’élancent dans les rues l’épée à la main, égorgent quelques citoyens, et entre autres un homme ressemblant à Thrasydée, chef du parti populaire, et qu’ils prennent pour Thrasydée lui-même. Le peuple, perdant tout espoir, se tient tranquille : les meurtriers croient déjà qu’ils ont tout fait, et leurs complices transportent les armes sur l’agora ; mais Thrasydée dormait encore où l’ivresse l’avait pris. Dès que le peuple s’aperçoit que Thrasydée n’est pas mort, il se rassemble de toutes parts autour de sa maison, comme un essaim d’abeilles autour de son roi. Thrasydée se met à leur tête et relève le courage du peuple ; un combat a lieu ; le peuple est vainqueur, et les auteurs du massacre sont forcés de se réfugier auprès des Lacédémoniens.

Lorsque Agis, en s’en allant, a repassé l’Alphée, il laisse à Épitalium, près de l’Alphée, les réfugiés d’Élis et une garnison sous les ordres de l’harmoste Lysippe. Il licencie ensuite son armée et s’en retourne dans sa patrie. Pendant le reste de l’été et tout l’hiver suivant, Lysippe et les siens ravagent le pays des Éléens. L’été suivant, Thrasydée envoie dire à Lacédémone qu’il consent à abattre les murailles de Théa et à abandonner Cyllène, ainsi que les villes de Triphylie, Phryxa, Épitalium, Létrina, Amphidole, Margane, Acrore et Lasion, revendiquée par les Arcadiens. Toutefois, les Éléens demandent à garder Épéum, ville située entre Héréa et Maciste, disant avoir acheté tout ce pays pour trente talents, payés à ceux qui possédaient alors la ville. Mais les Lacédémoniens, sentant qu’il est tout aussi injuste, avec un plus faible, d’acheter de force que de prendre de force, les contraignent à