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valerie des plus fortes. Tissapherne et son armée sont à l’aile droite, Pharnabaze à la gauche.

À cette vue, Dercyllidas commande aussitôt aux taxiarques et aux lochages de se former, en toute hâte, sur huit rangs, et de placer aux deux ailes, de chaque côté, tous les peltastes et tous les cavaliers, en aussi grand nombre et le mieux possible. Lui-même il offre un sacrifice. Toutes les troupes péloponésiennes restent tranquilles à leur poste et se préparent au combat ; mais celles de Priènes, d’Achilléium, des îles et des villes ioniennes, s’enfuient en partie, jetant leurs armes dans les blés : or, il y avait d’épaisses moissons dans la plaine du Méandre. Tout ce qui demeure laisse voir qu’il ne tiendra pas. On annonce que Pharnabaze donne l’ordre de combattre ; mais Tissapherne, se rappelant la bravoure avec laquelle l’armée de Cyrus s’est battue contre les Perses, et pensant que tous les Grecs ressemblent à ces troupes, ne veut pas risquer le combat. Il envoie donc dire à Dercyllidas qu’il désire entrer en pourparler avec lui. Dercyllidas aussitôt, prenant l’élite des cavaliers et des fantassins de sa suite, s’avance vers les messagers et leur dit : « J’étais prêt à combattre, vous le voyez ; mais, puisqu’il désire entrer en pourparler, je ne refuse point ; seulement, il faut avant tout que lui et moi nous donnions et nous recevions des gages de foi et des otages. »

Cette proposition ayant été agréée et effectuée, les deux armées se retirent, les Barbares à Tralles de Carie, et les Grecs à Leucophrys[1], où se trouvent un temple de Diane fort vénéré, et un lac de plus d’un stade de circuit, et remarquable par son fond sablonneux et par son eau intarissable, bonne à boire et chaude.

Ainsi se passe cette journée. Le lendemain, on se réunit au lieu fixé, et l’on décide que chacun énoncera les conditions qu’il met à la paix. Dercyllidas exige que le roi reconnaisse l’indépendance des villes grecques ; Tissapherne et Pharnabaze, que l’armée grecque évacue le territoire du roi, et que les Lacédémoniens retirent leurs harmostes de toutes les villes. Cela posé, ils concluent une trêve pour donner à Dercyllidas et à Tissapherne le temps de faire agréer ces préliminaires à Lacédémone et au roi.

Tandis que ces faits se passent sous la direction de Dercyllidas, les Lacédémoniens, irrités depuis longtemps contre les

  1. Dans la campagne du Méandre. Cf. Athénée, XV, ix.