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« Nous avons maintenant, camarades, une paye assurée pour un an à une armée de huit mille hommes. Si nous trouvons encore quelque chose, ce sera en surplus. » Il savait bien, en disant cela, que ceux qui l’entendaient n’en seraient que plus obéissants et plus zélés. Midias lui demande alors : « Et moi, Dercyllidas, où dois-je demeurer ? — À l’endroit que te désigne la justice, Midias, à Skepsis, ta patrie, et dans la maison de ton père. »


CHAPITRE II.


Dercyllidas dans la Thrace Bithynienne. — Son retour à Lampsaque. — Il fortifie la Chersonèse. — Prise d’Atarne. — Trêve avec Tissapherne. — Guerre des Lacédémoniens contre les Éléens. — Soumission de l’Élide.


(Avant J. C. 399, 398.)


Après ce succès, Dercyllidas, qui avait pris neuf villes en huit jours, songeait aux moyens de ne pas être à charge aux alliés en passant l’hiver dans un pays ami, ainsi que l’avait fait Thimbron, et cependant d’empêcher Pharnabaze d’inquiéter les villes grecques avec sa cavalerie. Il envoie donc des députés vers Pharnabaze et lui demande s’il veut avoir la paix ou la guerre. Pharnabaze, comprenant que l’Éolide est un avant-poste redoutable pour la Phrygie, sa résidence, se déclare pour une trêve.

Cela fait, Dercyllidas se rend dans la Thrace Bithynienne pour hiverner ; ce qui est loin d’être désagréable à Pharnabaze, auquel les Bithyniens faisaient souvent la guerre. D’ailleurs Dercyllidas prend et pille en toute sûreté dans la Bithynie, et ne cesse d’avoir des vivres en abondance. Cependant il lui arrive de l’autre côté, de la part de Seuthès, un renfort d’Odryses, deux cents cavaliers environ et trois cents peltastes : ces troupes placent leur camp et se retranchent à environ vingt stades de l’armée grecque, demandent à Dercyllidas des hoplites pour la garde du camp, et entreprennent des excursions dans lesquelles elles font de nombreux prisonniers et un riche butin. Leur camp était déjà rempli d’une grande quantité de captifs, lorsque les Bithyniens, informés du nombre de ceux qui sortent du camp et de celui des gardes grecs qu’on y laisse, se réunissent en masse, peltastes et cava-