Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/448

Cette page a été validée par deux contributeurs.

foi des traités. Ceux qui avaient livré Byzance à Alcibiade s’enfuient alors vers le Pont-Euxin : plus tard ils reviennent à Athènes et deviennent Athéniens. Lysandre renvoie à Athènes toutes les gardes athéniennes et tout ce qu’il rencontre d’Athéniens, n’accordant de sauf-conduit que pour cette ville et non point pour ailleurs, avec la certitude que plus il y aurait de monde accumulé à Athènes et au Pirée, plus le manque de vivres se ferait promptement sentir. Il laisse Sthénélaüs en qualité d’harmoste lacédémonien à Byzance et à Chalcédoine, puis il retourne lui-même à Lampsaque, où il radoube ses vaisseaux.

À Athènes, la Paralos étant arrivée de nuit, le bruit de la catastrophe se répand, et les gémissements passent du Pirée et des Longs-Murs jusqu’à la ville, la nouvelle se transmettant de bouche en bouche. Cette nuit personne ne dormit ; tous pleuraient non-seulement sur ceux qui n’étaient plus, mais bien plus encore sur eux-mêmes, persuadés qu’ils allaient subir ce qu’ils avaient fait aux Méliens, métèques des Lacédémone, après la prise de leur ville, ainsi qu’aux Histiéens, aux Scionéens, aux Toronéens, aux Éginètes et à beaucoup d’autres Grecs[1]. Le lendemain ils tiennent une assemblée, où il est résolu d’obstruer les ports, un seul excepté, de réparer les murs, d’établir des gardes, de prendre enfin toutes les mesures pour mettre la ville en état de soutenir un siége. Telle était la position d’Athènes.

Lysandre, parti de l’Hellespont avec deux cents vaisseaux, arrive à Lesbos, où il règle le gouvernement des autres villes et de Mitylène, et envoie dans les places de la Thrace dix trirèmes, commandées par Étéonicus, qui soumet tout le pays aux Lacédémoniens. La Grèce entière, après le combat naval, abandonne le parti des Athéniens, à l’exception des habitants de Samos. Ceux-ci égorgent les notables et se maintiennent maîtres dans leur ville. Lysandre députe ensuite à Agis, qui était à Décélie, et puis à Lacédémone, pour annoncer qu’il arrive avec deux cents vaisseaux.

Les Lacédémoniens et les autres Péloponésiens, sauf les Argiens, se lèvent en masse sur l’ordre de Pausanias, l’un des deux rois de Sparte. Quand toutes les troupes sont réunies, Pausanias se met à leur tête, et va camper près d’Athènes,

  1. On sait, par le témoignage de Thucydide et de Diodore de Sicile, que ces peuples avaient été massacrés ou réduits en esclavage par les Athéniens vainqueurs.