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vaisseau et un autre, cingle de Notium[1] vers le port d’Éphèse, et va longer les proues de ceux de Lysandre. Lysandre ne met d’abord en mer qu’un petit nombre de vaisseaux avec lesquels il lui donne la chasse ; mais, quand il voit les Athéniens venir au secours d’Antiochus avec un plus grand nombre de vaisseaux, il dirige sur eux toute sa flotte rangée en bataille. Alors les Athéniens, restés à Notium, tirent à la mer toutes leurs trirèmes et prennent le large chacun devant soi. Ils engagent ainsi une bataille navale, les Lacédémoniens en bon ordre, les Athéniens avec leurs vaisseaux dispersés, jusqu’à ce qu’enfin ces derniers s’enfuient après avoir perdu quinze trirèmes : la plupart de ceux qui les montaient s’échappent, quelques-uns sont faits prisonniers. Lysandre emmène avec lui les vaisseaux pris, élève un trophée à Notium, et cingle de là vers Éphèse : les Athéniens se retirent à Samos.

Après ce combat, Alcibiade, étant venu à Samos, prend toute la flotte, la conduit vers Éphèse, et gagne l’entrée du port des Éphésiens, où il se range en bataille, au cas où l’on voudrait accepter le combat. Comme Lysandre ne bouge pas, à cause de l’infériorité numérique de ses vaisseaux, Alcibiade retourne à Samos. Les Lacédémoniens, peu de temps après, s’emparent de Delphinium[2] et d’Éïon[3].

Quand on apprend à Athènes la nouvelle de ce combat naval, on s’indigne contre Alcibiade, et on attribue la perte des vaisseaux à sa négligence et à sa mauvaise conduite. On élit dix nouveaux stratéges : Conon, Diomédon, Léon, Périclès, Érasinide, Aristocrate, Archestrate, Protomachus, Thrasyllus, Aristogène. Alcibiade, voyant aussi l’armée mal disposée contre lui, prend une seule trirème et se retire dans son château en Chersonèse.

Conon part aussitôt d’Andros avec ses vingt vaisseaux, et va, d’après le décret des Athéniens, prendre le commandement de la flotte à Samos[4]. À la place de Conon, l’on envoie à Andros Phanosthène avec quatre vaisseaux. Celui-ci, ayant rencontré deux trirèmes thuriennes, les prend avec leur équipage. Les Athéniens gardent dans les fers tous les prisonniers, excepté Doriée, leur chef, Rhodien de naissance, qui avait été précédemment obligé de fuir de Rhodes et d’Athènes, pour échapper à la peine de mort prononcée contre lui par les Athé-

  1. Ville voisine de Colophon.
  2. Dans l’île de Chios.
  3. Localité inconnue.
  4. Cf. Diodore de Sicile, XIII, lxxiv.