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posée d’un nommé Béotius et d’autres députés, qui leur annoncent que les Lacédémoniens ont obtenu du roi tout ce qu’ils demandaient. On rencontre également Cyrus, qui avait reçu le commandement de toutes les provinces maritimes, et qui devait soutenir les Lacédémoniens. Il était porteur d’une lettre munie du sceau royal et adressée à tous les habitants des bas pays, avec ces mots : « J’envoie Cyrus en qualité de caranos des peuples qui s’assemblent dans le Castole[1]. » Caranos veut dire souverain. Les députés athéniens, après avoir appris ces nouvelles et vu Cyrus lui-même, désirent d’autant plus vivement se rendre vers le roi, ou sinon, retourner dans leur patrie ; mais Cyrus commande à Pharnabaze de lui livrer les députés, ou tout au moins de ne pas les laisser retourner chez eux, ne voulant pas que les Athéniens fussent instruits de ce qui s’était passé. Pharnabaze, pour qu’ils n’aient rien à lui reprocher, les retient tout le temps nécessaire, en leur disant tantôt qu’il les conduira vers le roi, tantôt qu’il les renverra à Athènes. Mais, au bout de trois ans, il prie Cyrus de les relâcher, en lui représentant qu’il a juré de les reconduire jusqu’à la mer, s’il ne les mène pas au roi. On les envoie donc à Ariobarzane[2], qui reçoit l’ordre de les reconduire ; celui-ci les mène à Cios de Mysie, d’où ils rejoignent par mer le reste de l’armée.

Alcibiade, voulant retourner à Athènes avec ses troupes, fait voile directement vers Samos, d’où il entre dans le golfe Céramique, en Carie, avec vingt vaisseaux. Après avoir prélevé vingt talents sur ces contrées, il revient à Samos. Thrasybule, avec trente vaisseaux, se rend en Thrace, où il réduit les places qui avaient passé aux Lacédémoniens, et entre autres, Thase, qui avait été dévastée par la guerre, les dissensions et la faim. Thrasyllus rentre à Athènes avec le reste de l’armée. Avant son arrivée, les Athéniens avaient élu trois stratèges : Alcibiade exilé, Thrasybule absent, et Conon qui était dans la ville.

De Samos, Alcibiade, avec ses vingt trirèmes et son argent, se rend à Paros, d’où il se dirige droit vers Gythium[3], pour observer les trente trirèmes qu’il savait que les Lacédémoniens y préparaient, et pour s’assurer comment son retour serait accueilli par sa patrie. Voyant que la ville lui est favorable, qu’on l’a élu stratége, et que ses amis en particulier l’engagent à revenir, il entre au Pirée le jour où la ville célébrait les

  1. Champ voisin d’une ville de Lydie, qui portait le même nom.
  2. Satrape de Phrygie.
  3. Ville de Laconie.