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introduction.

leurs succès sur les ennemis, la firent entrer dans l’éducation de la jeunesse. Ils voyaient que c’était le seul plaisir qui procurât les plus grands biens aux jeunes gens, puisqu’il les rendait tempérants, justes, instruits de la réalité. Ils comprenaient qu’ils devaient à la chasse leurs succès militaires ; que ce plaisir, bien différent des voluptés honteuses, que l’on n’a pas besoin d’apprendre, n’écarte point les jeunes gens des études honnêtes, auxquelles ils voudraient se livrer. C’est une pépinière de bons soldats, de bons généraux : car les hommes qui, par le travail, éloignent de leur âme et de leur corps la honte et la débauche et développent en eux l’amour de la vertu, ceux-là seuls sont les vrais citoyens ; ils ne tolèrent jamais une injustice faite à leur patrie, ni un dommage à leur pays. »

III

Les quatre œuvres historiques de Xénophon sont l’Histoire grecque, l’Expédition de Cyrus, l’Éducation de Cyrus ou Cyropédie, en tenant compte des réserves que nous avons déjà faites, et la Vie d’Agésilas.

L’antiquité, tout d’une voix, s’est accordée pour louer le mérite de Xénophon comme historien, et les modernes ont souscrit à cet éloge. On ne peut douter, en effet, de la fidélité consciencieuse avec laquelle il raconte les faits qu’il a vus ou puisés à des sources dignes de foi : les témoignages de Cicéron, de Quintilien et de Lucien sont formels à cet égard. Aux yeux surtout de ce dernier, Xénophon est l’historien par excellence, à cause de la rectitude de son jugement et de la sincérité de son caractère. Cependant ce serait nier l’évidence que de ne pas convenir qu’il a parfois un sentiment d’hostilité contre Athènes, et d’inclination en faveur de Sparte, dans plusieurs parties de ses récits, notamment dans son Histoire grecque, appelée aussi Helléniques, et qui est, il faut le dire, le moins remarquable de ses travaux d’historien.