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quand il manque son coup, il brûle l’extrémité du poil des chiens. C’est surtout à prendre le mâle qu’on éprouve toutes ces difficultés et d’autres encore.

Si c’est une laie, on la frappe d’arrivée, en prenant garde de tomber renversé : en pareil cas, on serait nécessairement foulé aux pieds et mordu. Il faut donc bien faire attention à ne pas se jeter par terre. Si l’on en vient là, malgré soi, on se relève de la même manière qu’avec le mâle ; et, une fois relevé, on frappe la bête de son épieu, jusqu’à ce qu’on l’ait tuée.

Voici encore une manière de prendre le sanglier. On tend des filets dans le passage des taillis, aux chênaies, dans les vallons, dans les endroits escarpés, dans les coulées qui conduisent aux prairies herbeuses, aux marais, aux endroits humides. Le veneur chargé de ce soin tient un épieu et garde lss filets, tandis que les autres mènent les chiens et cherchent les plus beaux passages : quand on a trouvé la bête, on la poursuit. Si elle tombe dans le filet, le garde prend son épieu, s’avance et s’en sert comme je l’ai dit ; sinon, on continue la poursuite.

On prend aussi le sanglier, durant les grandes chaleurs, en le chassant avec les chiens : quoique extrêmement fort, l’animal, épuisé, perd bientôt haleine et se rend. Il périt beaucoup de chiens dans cette sorte de chasse, et les chasseurs eux-mêmes courent des dangers. Lorsque, après l’avoir mis aux abois, on est forcé de s’avancer contre lui l’épée en main, sort dans l’eau, soit près d’un lieu escarpé, soit dans un taillis d’où il ne veut pas sortir, comme rien ne l’empêche, ni filet ni rien autre, de se ruer sur celui qui l’approche, il faut foncer, quand il en est ainsi, et faire preuve de ce grand cœur qui a fait embrasser au chasseur une profession si pénible. On use alors de l’épieu, en maintenant le corps dans l’attitude qui a été indiquée : s’il arrive quelque accident, ce ne sera pas faute d’avoir fait comme il fallait.

On tend aussi des piéges aux sangliers comme aux cerfs, et dans les mêmes lieux : ce sont les mêmes quêtes, les mêmes poursuites, les mêmes attaques, le même usage de l’épieu. Les petits sont difficiles à prendre : la mère ne les laisse point aller seuls, tant qu’ils sont tout jeunes ; lorsque les chiens les ont découverts ou qu’eux-mêmes ont vu les chiens, ils s’enfoncent sous bois, où les suivent ordinairement le père et la mère, d’autant plus redoutables qu’ils combattent plus pour leurs petits que pour eux-mêmes.