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qu’on les garnisse de pointes, pour éviter les croisements des races.

Il ne faut pas mener les chiens à la chasse, quand ils prennent avec dégoût la nourriture qu’on leur présente, ce qui est un signe qu’ils ne se portent pas bien, ni quand il souffle un grand vent, car il dissipe les voies ; les chiens n’ont plus de nez, et les rets et les toiles ne peuvent plus tenir. En l’absence de ces deux obstacles, il faut mener les chiens tous les deux jours. Ne les accoutumez pas à courir les renards : c’est tout à fait les gâter, et, en temps voulu, ils ne suivent plus.

Il faut aussi changer de terrain de chasse, et pour leur apprendre à chasser partout, et pour connaître vous-mêmes le pays. On doit sortir de bon matin, afin qu’ils puissent trouver la voie ; ceux qui s’y prennent trop tard empêchent les chiens de retrouver le lièvre, et perdent eux-mêmes leur peine. En effet, la fumée du gibier, vu la subtilité du matin, ne demeure pas à toute heure.

Le garde-filet doit sortir pour la chasse en accoutrement léger : il tendra ses rets près des passées raboteuses, déclives, étroites, obscures, aux ruisseaux, aux ravins, aux torrents rapides, car c’est là surtout que le lièvre s’enfuit, et en d’autres endroits qu’il serait trop long d’énumérer. Il doit pratiquer les débouchés, les ouvertures découvertes ou cachées, au point du jour et non pas auparavant, de peur qu’en plaçant les rets à l’endroit de la quête il n’effraye l’animal par le bruit. Si les rets sont à une grande distance les uns des autres, rien ne l’empêche le matin de nettoyer la place où il les tend. Pour que rien n’empêche le jeu, il doit ficher les fourchettes en pente, de manière à ce qu’elles opposent une résistance à la traction. Il faut faire passer par le haut toutes les mailles de la même rangée, et tendre également partout en élevant la poche du filet vers le milieu. Il posera sur le tirant une grosse et longue pierre, afin que le rets, quand le lièvre est pris, ne se tende pas en sens inverse ; il doit tendre les engins long et haut, de peur que le lièvre ne saute par-dessus. Qu’il ne perde pas de temps aux battues : un chasseur actif doit, par tous les moyens, prendre vite son gibier.

Qu’il tende les toiles dans les plaines, les panneaux sur les routes, dans les endroits qui d’une pente aboutissent à un chemin, laissant retomber les tirants à terre, rassemblant les extrémités, renforçant les fourchettes, entre les bords, en y faisant passer les coulisses et en bouchant les échappées. Il faut en-