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Quand on aura franchi l’extrémité du théâtre située en face, il sera utile, je crois, de faire descendre rapidement de front, sur le terrain incliné, autant de cavaliers qu’on le pourra sans confusion. Je suis convaincu que, s’ils se croient en état de pousser leurs chevaux, ils le feront volontiers, tandis que, s’ils ne sont pas suffisamment exercés à la descente, il faut craindre que l’ennemi ne les y exerce malgré eux.

Lorsqu’il a été question des revues, j’ai dit quel ordre il fallait observer pour la perfection des manœuvres. Si le chef, en le supposant bien monté, tourne toujours le long de la file extérieure, lui-même sera continuellement au galop, et ceux qui se trouveront en dehors le suivront de la même allure, de sorte que le sénat ne cessera de voir galoper et que les chevaux ne se fatigueront point, se reposant à tour de rôle.

Quand la parade se fait à l’Hippodrome, rien n’est beau comme de voir le chef disposer ses troupes de manière qu’elles en remplissent toute la largeur et fassent retirer la foule qui le remplit. Il n’est pas moins beau de voir les escadrons se fuir et se poursuivre, chacun des cinq ayant son commandant en tête, et se passant les uns les autres. Il y a dans ce spectacle quelque chose de terrible, quand ils se portent de front l’un contre l’autre, et de majestueux, quand, après avoir parcouru l’Hippodrome, ils se font volte-face, et de beau encore quand, à un second son de trompette, ils se chargent une seconde fois au galop. Alors ils s’arrêtent, puis, au troisième son de trompette, ils se précipitent de nouveau l’un sur l’autre, et, se croisant pour terminer, ils se reforment en phalange, selon notre usage, et s’avancent vers le sénat. Je crois que ces manœuvres auraient un certain air de guerre et de nouveauté. Et, quant à s’y laisser devancer par les phylarques dans les mêmes manœuvres, ce serait quelque chose de peu honorable pour le commandant.

Reste l’exercice sur le sol battu de l’Académie ; je vais en dire quelques mots. Quand on y fera une charge, les cavaliers se pencheront en arrière pour ne pas être désarçonnés et tiendront la bride courte à leurs chevaux dans les conversions, de crainte qu’ils ne tombent seulement ; la ligne droite une fois reprise, il faut les lancer au galop. Par là, on offrira sans danger un beau coup d’œil au sénat.