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Phalère[1] et dans l’Hippodrome[2]. Ce sont là de nouvelles recommandations ; aussi vais-je indiquer le meilleur moyen d’exécuter le mieux qu’il se peut faire ces divers mouvements.

Je crois que les pompes sacrées seront agréées des dieux et des spectateurs, si, autour de toutes les chapelles et de toutes les statues qui décorent l’agora, en commençant par les Hermès[3], les cavaliers font une évolution en l’honneur des dieux. Dans les Dionysiaques[4], c’est en se groupant que les chœurs rendent hommage à toutes les divinités, et notamment aux douze grands dieux[5]. En se retrouvant aux Hermès, après avoir fait le tour de l’agora, on offrirait, selon moi, un beau spectacle en lançant les chevaux au galop jusqu’à l’Éleusinium[6].

Je ne négligerai point de parler des lances et du moyen d’éviter qu’elles ne s’embarrassent les unes dans les autres. Chacun devra les tenir entre les oreilles de son cheval, si on veut qu’elles paraissent toutes ensemble bien rangées et terribles. À ce galop succédant un temps d’arrêt, il sera beau d’aller ensuite au pas jusqu’aux chapelles par le chemin déjà parcouru. De cette manière, le spectacle de ce qu’il y a de plus brillant dans l’équitation viendra s’offrir aux dieux et aux hommes. Les cavaliers ne sont pas habitués à ces marches, je le sais ; mais je suis sûr qu’elles sembleraient bonnes, belles et agréables aux spectateurs. J’ai remarqué d’ailleurs que les cavaliers se sont toujours prêtés à de nouvelles évolutions, quand les commandants ont su faire exécuter ce qu’ils désiraient. Toutes les fois qu’on manœuvrera dans le Lycée, avant le jet du javelot, il sera beau de voir les deux divisions de cinq escadrons chacune, le commandant en tête, ainsi que les phylarques, faire une charge comme en bataille et de manière à remplir toute la largeur de la carrière.

  1. Port naval d’Athènes.
  2. Lieu destiné aux courses de chars et de chevaux.
  3. Sortes de pilastres surmontés d’une tête de Mercure grossièrement sculptée, et répandus à profusion dans les rues d’Athènes.
  4. Fêtes de Bacchus. Il y en avait deux : les grandes ou urbaines, qui se célébraient au mois d’élaphébolion (mars) ; et les petites ou rurales, qui se célébraient en posidéon (décembre). Xénophon parle ici des premières.
  5. Les mêmes que les Romains appelaient consentes, et dont les noms se trouvent contenus dans ces deux vers attribués à Ennius :

    Juno, Vesta, Minerva, Ceres, Diana, Venus, Mars,
    Mercurius, Jovi’, Neptunus, Vulcanus, Apollo.

  6. Temple de Cérès et de Proserpine. Cf. De l’Équitation, i.