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guerrière et disciplinée de Sparte, que dans sa propre ville, si divisée, si effrénée, si turbulente.

Il part, emmenant avec lui sa femme Philésia et ses deux jeunes enfants, Gryllus et Diodore, auxquels leur tendresse fraternelle avait fait donner le surnom de Dioscures, passe quelque temps auprès d’Agésilas, que la guerre contre les Thébains avait rappelé en Grèce, assiste à la bataille de Coronée, accompagne Agésilas à Sparte, et se fixe définitivement à Scillonte, où les Lacédémoniens lui font présent, avec le droit de proxénie, d’un domaine considérable. Scillonte était une petite ville, à vingt stades d’Olympie, et l’habitation de Xénophon était faite pour plaire à un ami de la vie rustique, ainsi que des travaux et des exercices champêtres. Voici, du reste, le tableau gracieux qu’en a tracé, d’après Xénophon lui-même, l’auteur du Voyage d’Anacharsis : « Auprès du temple consacré à Diane, s’élève un verger qui donne diverses espèces de fruits. Le Sélinus, petite rivière abondante en poisson, promène avec lenteur ses eaux limpides au pied d’une riche colline, à travers des prairies où paissent tranquillement les animaux destinés aux sacrifices. Au dedans, au dehors de la terre sacrée, des bois distribués dans la plaine ou sur les montagnes servent de retraite aux chevreuils, aux cerfs et aux sangliers. » Tel était l’heureux séjour où vint s’abriter, contre les rigueurs de l’exil, l’âge mûr de Xénophon, et dans lequel devait s’écouler sa longue vieillesse, partagée entre les soins de la religion et le culte des dieux, les labeurs de l’intelligence, les occupations de l’agriculteur et du chasseur, les joies de la famille et les diversions de l’hospitalité.

Les biographes ne sont point d’accord sur le lieu où Xénophon termina sa carrière. Selon Pausanias et Plutarque, son tombeau existait à Scillonte ; mais, suivant Diogène de Laërte, les Éléens étant venus attaquer Scillonte, et la ville étant tombée en leur pouvoir, faute d’avoir été secourue à temps par les Lacédémoniens, les fils de Xénophon se sauvèrent à Lépréum, avec un petit nombre de serviteurs. Quant à lui, obligé de se cacher d’abord en