Page:Wyzewa - Un miracle, paru dans Le Figaro, 07, 08 et 09 mai 1890.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.


UN MIRACLE




III

— Suite —

Revenue chez elle, elle s’enferma dans sa chambre. Elle y resta jusqu’au coup de gong du dîner, étendue sur son lit, s’efforçant de ne penser à rien. Le dîner : et sa toilette qui n’était pas commencée ! Et ce John Morris qu’il fallait revoir, qui lirait toute sa honte dans ses pauvres yeux ! Elle appela la femme de chambre, lui dit qu’elle avait la migraine et ne descendrait pas à table.

Quels regrets elle en ressentit, cinq minutes après ! Il lui sembla qu’elle venait de se perdre : si elle avait paru au dîner, sa souffrance aurait éclairé son visage de quelque lueur surnaturelle et John n’aurait pu s’empêcher de l’aimer. Maintenant il était trop tard : il devait être occupé à causer avec Nelly ; il racontait à ses parents les détails de la