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L’ART WAGNÉRIEN

supprimera elles-mêmes pour le bien commun : car voici que bientôt l’aurore bénie de légalité va s’épanouir sur nous, en un triomphal rayonnement de plein ciel !

II

Telles sont quelques-unes des lois qu’on peut considérer, après coup, comme ayant régi le développement historique de la littérature. Celle-ci leur dut ses formes successives : elle leur doit aujourd’hui la conservation de ces formes, correspondantes aux degrés divers de l’hétérogénéité intellectuelle.

Le premier effort de la littérature fut à créer les légendes fabuleuses, les narrations épiques, et les contes populaires. Les simples âmes des premiers peuples étaient satisfaites, dans leur besoin d’une vie artistique, par ces récits très vagues. On leur disait un alignement de faits généraux, les combats, les traversées. Nul détail à ces faits, nulle raison les expliquant : c’est que ces âmes primitives concevaient la vie sans détails ni raisons. Elles recréaient aisément une vie fantastiq’ue. pleine d’accidents surnaturels : car elles n’avaient pas encore modelé leur conception de la vie suivant les seules lois du possible. Ne voyaient-elles point tous les jours autour d’elles mille choses qu’elles devaient juger des miracles ? Un bel et noble prince, conquérant par sa force, ou par l’aide de quelque Dieu, la blonde princesse » enchantée : cette histoire valait, pour vivre en ces premiers