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LA RELIGION DE L’AMOUR ET DE LA BEAUTÉ

Tels de ses premiers romans, publiés depuis vingt ans, Jean des Figues, la Chèvre d’Or, égalent ou peut-être dépassent Bnmnine pour la limpidité gracieuse du récit, et la fraîcheur de l’émotion, et la grâce du style. Mais ils ont paru dans un temps où déjà commençaient à se répandre sur nous les brouillards du Nord. Nous les avons déclarés trop légers, trop superficiels : en réalité, nous leur reprochions surtout leur fort parfum de Provence ; ils nous importunaient comme la mer bleue et comme les cigales, et comme le soleil lui-même, car il n’y a pas jusqu’au soleil dont nous n’ayons été las. Aujourd’hui, au contraire, ce n’est autour de Domnine qu’éloges, compliments, et cris d’admiration. De toutes parts j’entends vanter l’élégance. la sobriété, la pureté des images et de la langue de M. Paul Arène. Et, comme je vous le disais, j’en suis doublement ravi : car M. Paul Arène est en effet un des écrivains les meilleurs de notre temps : mais c’est aussi, de tous nos écrivains, le plus méridional, celui qui s’est le moins ressenti des influences du Nord. Et le succès de son livre achève de me faire espérer que ces influences vont finir, que l’ordre et la mesure, la clarté et la simplicité, après dix ans d’exil, vont reprendre possession de l’esprit français.