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IV

UN ROMAN MÉRIDIONAL[1]

(Revue Bleue, 24 novembre 1894)

J’ai une heureuse nouvelle à vous annoncer. Je crains seulement qu’elle ne vous paraisse pas aussi heureuse qu’à moi, ni même aussi certaine : car les preuves que j’en pourrais donner demanderaient à leur tour à ùtre prouvées, et trop souvent il m’arrive de prendre mes désirs pour des réalités. Mais voici : il me semble que nous allons voir bientôt se lever ce fâcheux brouillard qui, depuis dix ans, s’est appesanti sur l’esprit français. Toute sorte de goûts et de besoins renaissent dans les âmes qu’on pouvait croire à jamais disparus : le besoin de simplicité, le goût de l’ordre et de la clarté. On se fatigue de l’abstrait et du compliqué, des symboles obscurs, des vagues théories, de cette indétermination qui sans cesse devenait plus grande dans l’expression et dans la pensée. Je sais tels d’entre les mieux doués des peintres et des poètes de ma génération, qui s’occupent maintenant à réapprendre

  1. Domnine, par M. Paul Arène.