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III

DU SOLEIL

(Revue Bleue, 13 janvier 1893)

Je disais, l’autre jour, que la poésie et l’amour sont les deux seules fleurs de la vie. deux sources enchantées qui, seules, désaltèrent à jamais. Je m’étais trompé. La vie a encore une autre fleur, plus parfumée et plus belle ; et il y a une autre source qui. plus sûrement encore, apaise la soif de ceux qui ont su la trouver. Au-dessus de l’amour et de la poésie il y a le soleil, le cher soleil, ce doux consolateur qui donne la santé aux corps, et qui répand dans les âmes la tranquillité et la joie. Saint François d’Assise l’appelait « mon frère » ; mais il l’appelait aussi « Monseigneur » ; et par là ce grand saint nous indiquait à la fois combien nous devons offrir au soleil de tendresse et de vénération.

Et il en est précisément du soleil comme de la poésie et de l’amour. Les enfants et les sages sac-* cordent pour l’aimer, mais sa bienfaisante beauté échappe aux jeunes gens. J’ai toujours observé que les jeunes gens ne comprenaient pas le soleil. Ils croient à l’idée, à l’action, à la possibilité de réali-