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NOS MAÎTRES

seur de théologie n’aurait point pardonné à un pasteur le choix d’un pareil sujet, ni surtout la manière dont il l’a traité : car ce n’est pas seulement avec indulgence, c’est avec un véritable enthousiasme que M. Sabatier a parlé du pauvre d’Assise. Peu s’en faut que son livre n’apparaisse comme une édition moderne des Conformités de Barthélémy de Pise, où la vie de saint François, comme l’on sait, était mise en parallèle avec la vie de Jésus. Après cela, j’imagine que sur Jésus lui-même M. Schérer, dans ses dernières années, aurait fait plus d’une réserve, s’il avait été tout à fait convaincu de son existence.

Mais M. Schérer est mort, et nous allons en être plus à l’aise pour admirer le remarquable ouvrage de M. Sabatier. Je viens de lire, pour les lui comparer, deux autres ouvrages récents sur le même sujet, deux ouvrages d’écrivains catholiques, le Saint François d’Assise du R. P. Léopold de Charnacé, et l’Histoire de Saint François d’Assise, par l’abbé Le Monnier, curé de Saint-Ferdinand des Ternes. Ce sont deux beaux livres : car, entre autres indulgences, on dirait vraiment que saint François confère le don de poésie à tous ceux qui parlent de lui avec un peu d’amour. J’ajouterai que le livre du R. P. de Charnacé est, en outre, illustré de magnifiques images : on y retrouvera reproduites, notamment, la plupart des fresques peintes à Assise par Giotto, le seul peintre, avec le bienheureux Jean de Fiésole, qui ait su être religieux dans la peinture religieuse. Et pour le livre de l’abbé Le Monnier, c’est un tour de force litté-