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LA SCIENCE

sort de ces petits malheureux, victimes d’un incompréhensible atavisme ; et sa compassion lui a inspiré une idée sublime. Puisque les enfants s’obstinaient à réclamer, pour leurs étrennes, des contes de fées et des histoires de revenants, M. Stead, dans le Numéro de Noël de sa revue, leur en a offert tant et plus. Mais il leur a offert tout cela sous la forme de faits : des contes de fées authentiques, des histoires de revenants positives, avec les noms, prénoms, références, signatures légalisées et photographies des témoins.

Il a fait appel à tous ceux des lecteurs de sa revue qui avaient fréquenté des spectres ; à tous ceux qui avaient l’avantage de posséder deux corps, ou l’avantage de posséder deux âmes : et de la masse de récits qui lui sont parvenus, il a tiré une centaine d’histoires sagement contrôlées, passées au crible des méthodes scientifiques, et pour le moins aussi extraordinaires que les métamorphoses de la fée Carabosse.

C’est, d’ailleurs, une figure bien singulière, et quasi fantastique, que M. Stead lui-même, l’auteur de cette admirable publication. On ne saurait imaginer un mélange aussi parfait de l’homme d’affaires et de l’apôtre, du reporter et du poète, du fumiste et de l’illuminé. C’est lui, on s’en souvient, qui a commencé dans la Pall Mall Gazette la fameuse campagne des Scandales de Londres ; c’est lui qui, au nom de la morale, et par la seule force de son immense popularité, a longtemps empêché la rentrée de sir Charles Dilke dans la vie politique ; c’est lui qui a été condamné à trois mois de