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NOS MAÎTRES

En présence de M. L…, docteur en médecine, de M. S…, avocat, de M. R…, compositeur de musique, et de Mlle V…, qui a des yeux charmants, je procédai aux formalités usuelles. J’inspectai là chambre, j’examinai les fermetures, je me plongeai la tête dans un baquet d’eau froide — toujours contre les hallucinations — et j’invitai mes hôtes à faire comme moi. Puis, je fis passer le médium, lesté d’un verre de vin blanc, dans le « cabinet », qui était un arrière-salon, séparé de ma chambre par un rideau bleu. Enfin, je me rassis, élaborai ma contenance, et j’ordonnai à ma vieille nourrice d’apparaître.

Elle apparut après un moment. C’était bien elle, avec sa joyeuse figure ridée ; on avait seulement un peu engraissé son ombre, dans l’intervalle. J’eus tout de suite, en la voyant, une instinctive envie de lui offrir mon nez à moucher, comme autrefois. Mais je me retins, et me décidai à lui demander plutôt ce qui en était de la science, des loi naturelles, et de la princesse Marysia. Alors ma vieille nourrice me répondit :


« J’ignore, mon enfant, si la princesse Marysia vit encore : j’ai seulement appris que le roi, son père, avait été détrôné, comme les autres rois, et que tous ses sujets étaient morts de faim, dans un grand meeting perpétuel où, depuis leur émancipation, ils passaient toute leur journée à s’élire réciproquement. Quant à la science et aux lois naturelles, voici où les choses en sont :

« Les premiers hommes ont vu trois fois de