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NOS MAÎTRES

M. Ochorowicz me répondit, aux dernières lignes, que je devais plutôt lui savoir gré de son ingénieux sauvetage ; et puis il me prévint que ma nourrice n’en avait pas moins été une folle, puisqu’elle avait ajouté à des faits explicables le fait, absurde, contraire à toute science, d’une apparition d’esprits : « Suggérer une pensée à distance, me dit en terminant ce connaisseur, les lois de la nature daignent encore le permettre, mais elles s’opposeront éternellement à ce qu’une àme morte reparaisse parmi nous. »


Je pris sur ma table un autre ouvrage scientifique : il était dénommé le Spiritisme, et écrit par M. Gibier, docteur en médecine, naturaliste au Muséum d’histoire naturelle. Et M. Gibier me révéla — mais j’étais décidé à toutes les stupeurs, — que l’existence des esprits est désormais un fait incontestable. Il m’affirma d’abord que les fakirs indiens pouvaient s’élever aisément en l’air, comme avait fait le prince Tchernowied, et que tous les voyageurs l’avaient dû constater. Puis, il me raconta les milliers de cas où, toutes précautions prises, on avait vu apparaître des esprits. « Mettez sous une table, dit le Dr Gibier, un crayon et une ardoise Faber no 7. Laissez les deux objets quelque temps en ce tête-à-tête : et vous verrez ensuite, écrites sur l’ardoise par le crayon, des choses en trois langues, que vous ne leur aurez probablement point suggérées, attendu que vous ignorez vous-même jusqu’au premier mot de ces langues. »