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JULES LAFORGUE

trefois, dans des circonstances pareilles. Et Jules Laforgue a imaginé, dans les circonstances que narrent les légendes anciennes, les actes et sentiments d’hommes de notre temps.

Lohengrin, fils de Parsifal. Une jeune fille se lamente, condamnée à quelque solitaire détresse — faute sans doute d’une dot — à moins que, des régions fabuleuses où sont ignorées les convenances sociales, quelque amant chevaleresque ne daigne la recueillir. Et comme elle l’aimera ! elle le voit si beau, sous une armure de diamant ! Et voici qu’une âme chevaleresque est venue, qui a daigné recueillir la misérable vierge. Et voici qu’Eisa, reconnaissante, extasiée, tache à remercier par l’offre de tous ses charmes ce héros qui l’a prise. Pauvre Elsa ! Elle ne voit pas que ses charmes (de pensionnaire parfaite) ne sont point de ceux qui plaisent aux âmes des chevaliers errants. Ses caresses ne font que rebuter Lohengrin. qui vient de trop haut. Et Lohengrin la quitte, pour remonter sans elle au ciel du libre rêve.

Persée et Andromède. Une jeune femme. Andromède, liée à quelque mari plutôt laid, se lamente, comme Eisa, rêvant un cavalier plus gracieux, avec des muscles plus solides et des manières plus mondaines. Il vient à elle, le cavalier rêvé : mais vite il la fatigue, et vite elle l’ennuie. Et vainement Andromède, délaissée, ou trop lasse du bel amoureux, se retourne vers le monstre, son mari, qu’à cette heure elle estime et désire. Le monstre est mort : elle n’aura plus cette bonne amitié qui l’eût consolée, cette amitié du monstre que les