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RENAN ET TAINE

d’impression qui donnent tant de prix, par exemple. aux esquisses naguère rapportées de l’Inde par M. Robert de Bonnières. Il me semblait que M. Chevrillon, devant les mœurs et les paysages de l’Inde, avait pensé trop exclusivement à la peinture qu’il s’était proposé d’en faire ; je sentais que, sans la constante préoccupation de ses notes à prendre, il se serait un peu ennuyé aux plus poétiques endroits, tout comme l’on sent que M. Taine se serait un peu ennuyé dans les musées d’Italie, s’il avait un seul instant cessé d’observer et de prendre des notes pour l’admirable description qu’il nous en a donnée. Mais, pour provenir d’autres causes, ma joie n’en était pas moins vive à lire ces premiers essais de M. Chevrillon : car, au lieu d’un nouveau Loti je pressentais en lui un nouveau Taine, l’élève et le successeur direct d’un des maîtres les plus magnifiques de notre littérature. Et mes pressentiments ne m’avaient pas trompé, à en juger par le second ouvrage que vient de nous offrir M. Chevrillon. Je crois pouvoir affirmer, désormais, que M. Taine va ressusciter. Sa méthode s’est transmise tout entière aux mains de son disciple ; et, n’étaient encore quelques inexpériences de débutant, l’ouvrage de M. Chevrillon sur Sydney Smith pourrait prendre place tout de suite à côté de l’Essai sur Tite-Live, de La Fontaine et ses Fables, des Essais de critique et d’histoire, et de tous ces beaux livres de M. Taine qui, malgré la variété de leurs sujets et la variété apparente de leurs genres, sont simplement les applications diverses d’une méthode invariable.