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NOS MAÎTRES

n’est à consoler son amère veillée. C’est le point de départ poétique : alors l’émotion survient. Pourquoi donc ne trouve-t-il pas en lui-même, le poète, cette fleur qu’il désire ? Ne peut-il l’évoquer, de par son vouloir souverain ? Ah ! sans doute il est par sa naissance condamné à n’y point parvenir : une héréditaire inertie lui incombe. Sans doute ses parents auront négligé de lui mander cette force d’évocation, négligé de boire à la source féconde de Chimère : et la source s’est tarie, inemployée. Hélas ! le vase ne revêt point sa chaude couronne : il agonise, inutile, veuf de tout autre breuvage que sa vacuité morne, et ne consent point ! — oh ! l’héréditaire châtiment ! — à faire enfin surgir, sous le stérile vœu de l’artiste, surgir ce faîte qui le devrait sacrer : une odorante floraison de roses.


Une denlelle s’abolit
Dans le doute du Jeu suprême
À n’entr’ouvrir, comme un blasphème,
Qu’absence éternelle de lit.

Cet unanime blanc conflit
D’une guirlande avec la même,
Enfui contre la vitre blême
Flotte plus qu’il n’ensevelit.

Mais chez qui du rêve se dore,
Tristement dort une mandore
Au creux néant musicien,

Telle que, vers quelque fenêtre,
Selon nul ventre que le sien.
Filial on aurait pu naître.


Un rideau de dentelles : c’est le troisième sujet.