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c’est-à-dire suggéré par le Poète, non exprimé dernièrement par son caractère particulier.

Ainsi M. Mallarmé a cherché les intimes corrélations des choses. N’a-t-il point vu, dans sa curiosité, que le nombre des symboles était indéfini, qu’il avait, en lui, le pouvoir de les renouveler sans cesse, et qu’il s’épuiserait vainement à les vouloir saisir tous ?

Il a cherché, encore, la forme qui convenait à cette œuvre idéale. Puisque le Drame poétique est aujourd’hui impossible, car les hommes sont égarés dans les intérêts vils, et détournés de la joie artistique, — le Poète, du moins, doit écrire ce Drame, faire le Livre, enfermer l’Œuvre là, pour l’avenir. Mais le Livre, ce ne pouvait être les volumes que nous présentent nos libraires, tranches de journaux paginées, détruisant l’illusion par la laideur de leurs caractères. M. Mallarmé a pensé que sa forme poétique, isolant des mois précis parmi les syllabes purement musicales, que cette forme devait être aidée par la disposition matérielle des écritures. Il a rêvé alors un Livre nouveau, où les sujets pourraient être distingués aisément de la musique environnante. Il a cherché la forme parfaite du Livre ; et, comme sa recherche des symboles, je crains que cette recherche des typographies ne s’allonge, indéfinie. Il n’a point admis que les signes importaient peu, que la bonne volonté des lecteurs suppléait aux insuffisances de la matière. Toujours, désormais, son âme poursuivra le vain rêve mobile des perfections ; et l’Œuvre de sa vie demeurera toujours inachevée, s’il ne s’arrache point aux belles chimères pour traduire, avec les procédés que d’autres lui fournissent, telles prestigieuses partie du Symbole Universel.

Je dis une crainte, non un blâme. Apprécier les