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Notre si vieil ébat triomphal du grimoire,
Hiéroglyphes dont s’exalte le millier
À propager de l’aile un frisson familier,
Enfouissez-le moi plutôt dans une armoire !

Du souriant fracas originel haï
Entre elles de clartés maîtresses a jailli
Jusque vers un parvis né pour leur simulacre,

Trompettes tout haut d’or pâmé sur les vélins,
Le dieu Richard Wagner Irradiant un sacre
Mal tù par l’encre même en sanglots sybillins
.


Voici le mobilier séculaire, que lentement avaient menuisé, pour le prochain Advenu, les poètes. Ils le voulaient transporter bientôt dans un palais plus beau promis à leurs soins. Mais une moire l’a recouvert de ses lourds plis funèbres ; déjà la maison va s’écrouler ; et le mobilier séculaire sera mis en morceaux, et déjà s’avance, pour le recouvrir, la moire plus funèbre de l’oubli.

Le mobilier séculaire des grimoires, rendu vain désormais et bientôt brisé, le cher mobilier des littératures et des poésies, — oh ! comme joyeusement il s’étalait aux yeux ! — il va dormir, inutile, dans une armoire toujours close, si les voûtes de la maison abîmée ne le détruisent pas.

Car voici que s’élance, sortie de cette cahute dédaignée, la Musique ; voici que s’élance, avec un épanouissement triomphal de clartés, jusque le parvis de ce palais, le Théâtre idéal, dressé pour le Poète.

Le voici, n’entendez-vous point les joyeuses sonneries qui l’annoncent ? — un dieu splendide, Wagner ; il est