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lons, des sentiments analogues à ceux qu’il a plus tard si fortement amplifiés dans son Cas Wagner.

Mais c’est surtout quelques années après, en 1874, au moment où il allait écrire son Richard Wagner à Bayreuth, que la nécessité d’être enthousiaste l’a porté à un dénigrement plein d’amère ironie. Les Pensées sur Wagner, qui remplissent une trentaine de pages du second volume de ces Fragments, et qui datent de janvier 1874, sont incontestablement ce que l’on a jamais écrit de plus dur sur Wagner, — plus dures mille fois que le Cas Wagner, où l’intention de blâmer est par trop manifeste et pousse Nietzsche, comme l’on sait, à mettre Carmen au-dessus de Parsifal. Ici, au contraire, l’impartialité est complète : Nietzsche, ayant à écrire un éloge de Wagner, résume pour son usage personnel son opinion sur le maître qu’il doit exalter. Et ce qu’il en dit, les réserves qu’il fait, ce sont autant de coups de griffe d’une férocité implacable. Ce n’est point la haine de Wagner qui ressort de ces pages, comme du Cas Wagner, c’est un mépris profond et instinctif pour