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et chacun des chapitres pourrait être considéré comme le développement de l’une de ces phases de « l’amitié passionnée », que le philosophe eût voulu voir traitées par les romanciers. Mme Fœrster nous y montre d’abord Nietzsche et Wagner « attirés l’un vers l’autre par l’illusion d’une communauté de pensées » ; puis viennent les joies « d’une admiration et d’une adoration réciproques » ; et puis l’un des deux amis « se méfie » de l’autre (c’est Wagner, dont Nietzsche avait observé dès le début qu’il avait un caractère « méfiant ») ; et l’autre ami se met à « douter », sans cesse davantage, de la valeur des idées, des sentiments, et de l’œuvre même de celui qu’il avait naguère « admiré et adoré » : jusqu’à ce qu’enfin ils comprennent tous deux que la séparation est désormais inévitable, et s’y résignent, tout en se demandant s’ils auront la force de la supporter. Tel est, dans ses lignes essentielles, le plan de ce second volume de la biographie de Nietzsche ; et l’on ne s’étonnera pas, après cela, que, mal composée, diffuse, encombrée de vains détails et de commentaires superflus, cette partie du récit de Mme Fœrster soit cependant plus curieuse encore que la précédente. Elle a l’unité et la variété, et le charme, et la vie d’un roman.