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de Præger, M. Chamberlain établit, toujours avec une foule de petites preuves à l’appui : 1° que Præger n’a jamais été l’ami de Wagner et n’a entretenu avec lui que des rapports tout fortuits ; 2° que les lettres de Wagner à Præger sont, en grande partie, de l’invention de celui-ci ; 3° que la fameuse visite de Præger à Zurich, en 1856, où il aurait suggéré à Wagner l’idée de Tristan, que cette visite n’a pas eu lieu ; 4° enfin que les soi-disant confidences de Wagner à Præger sont, ou bien des extraits purs et simples des écrits de Wagner, ou bien des inventions de Præger, en contradiction absolue avec ce qu’ont pu être les véritables paroles de Wagner. De tout le gros livre, rien ne subsiste : pas même les jugements de Praeger sur « son ami », car il n’y a pas un de ces jugements dont on ne trouve le démenti quelques pages plus loin.

Voilà donc un ami de Wagner dont les historiens de la musique auront à se méfier. Déjà, il y a cinquante ans, son compatriote et coreligionnaire Moscheles s’était autorisé de relations d’affaires qu’il avait eues avec Beethoven pour se constituer, après sa mort, son ami et confident, le représentant officiel de son art et de ses traditions. Mais Moscheles, du moins, n’avait publié d’autres lettres de Beethoven que celles qu’il en avait reçues. L’industrie des faux amis a,