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excellent des opinions de Wagner sur la musique et les musiciens : opinions que l’on retrouverait éparses dans les dix gros volumes des Écrits théoriques ; mais c’est précisément le mérite du livre de M. de Wolzogen qu’il nous dispense de les y aller chercher. Car on ne peut pas imaginer une littérature plus fatigante que celle de ces dix volumes : à toutes les pages se rencontrent les idées profondes et les images charmantes, mais la composition générale est si désordonnée qu’on n’arrive pas à comprendre pourquoi ces idées et ces images sont à l’endroit où on les rencontre.

Mais si les écrits de Wagner sont troubles et confus, sa conversation, au contraire, n’a jamais cessé d’être merveilleusement nette. Tous ceux qui ont eu le bonheur de l’approcher, tous gardent à jamais le souvenir de l’enchantement de sa parole. Il était nerveux, spirituel, prompt à la répartie, toujours animé en apparence, au fond toujours maître de lui. Et c’était un homme d’une intelligence vraiment prodigieuse, le plus intelligent à coup sûr de tous les musiciens, si intelligent qu’on lui a reproché de l’être trop, et d’avoir sacrifié plusieurs de ses précieuses qualités naturelles, dans son effort à réaliser le haut idéal d’art que sa raison avait conçu.

Si l’on arrivait à dégager sa philosophie des