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et de l’infinie variété de leur expression. À ces traits d’abord un peu durs, et d’un dessin trop marqué, l’âge, cependant, et la préoccupation constante du beau, avaient fini par donner une harmonie pleine de grâce et de majesté. Que l’on compare, à ce point de vue, dans le livre de M. Chamberlain, la photographie faite en i883, quelques semaines avant la mort de Wagner, avec le portrait que peignit de lui M. Lenbach en 1874. C’est bien toujours le même visage aux arêtes accentuées, avec son grand nez impérieux, ses lèvres fines, et son menton en saillie ; mais quelques années ont suffi pour le transfigurer. Toutes les lignes se sont purifiées ; la fiévreuse agitation de naguère s’est adoucie, décidément calmée ; on sent que le héros est devenu un dieu.

La lutte fut longue et rude, qui précéda cette apothéose. Et c’est encore un des mérites du livre nouveau de M. Chamberlain, que la plus grande partie des images qu’il nous offre éclairent pour nous le récit de cette lutte glorieuse. Depuis les portraits de la mère, de l’oncle, du frère et de la sœur, et de la première femme de Richard Wagner, jusqu’aux portraits des principaux patrons de l’entreprise de Bayreuth, c’est une abondante série de documents qui se déroule devant nous, expressément destinée à