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un peu à l’écart, prenait un block-notes, un crayon et disait tout bas à Rosalia :

— Commençons !

D’ordinaire, le médium accomplissait ses fonctions de messagère de l’au-delà avec une parfaite tranquillité. Rien ne trahissait qu’elle eût conscience de son rôle auguste. Indifférente, indolente, passive, elle appuyait l’extrémité de ses doigts sur une planchette ; celle-ci se mettait bientôt en mouvement, Rosalia suivait des yeux les lettres, et les épelait au fur et à mesure. Seule, Mme de Montserein apportait à les transcrire une sorte de passion.

Cette fois, à la grande stupeur de cette excellente dame, Rosalia fut tout à coup secouée d’un grand frisson. Elle pâlit, ferma les yeux, des tics nerveux agitèrent sa face. Et la petite planchette, avec une vitesse inaccoutumée, se promena sur les lettres de l’alphabet, si bien que Mme de Montserein ne parvenait point à la suivre. Rosalia, ayant les yeux clos, ne pouvait épeler. Après bien des efforts, des supplications au cher esprit d’agiter moins le médium, on obtint cette phrase :

« Pas ici, trop de bruit. Ce soir, hôtel, avec Magda. »

Un nouveau frisson agita Mme Lalande, elle renversa la tête en arrière, laissa tomber les bras le long de son corps, et demeura immobile, comme en catalepsie.

Prestement, Francine replia ses instruments ; elle allait appeler son cousin pour qu’il vînt au secours de la sensitive, lorsque celle-ci sortit subitement de sa torpeur. Elle se frotta les paupières et murmura :

— C’est étrange. J’ai donc dormi ?

— Oui, ma petite, un esprit… Mais je vous expliquerai plus tard.

Il était en effet l’heure de la fermeture du musée. Bien à regret, Jacques Roberty et sa fille durent s’éloigner de la momie dont les bijoux splendides excitaient leur admiration. En se retournant pour partir, ils se heurtèrent contre un beau jeune homme brun qui, placé derrière Magda, appesantissait sur elle son regard fasciné.

Il n’est jamais désagréable à une femme