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dame respectable demeurée poétique et romanesque comme aux temps heureux de son adolescence lointaine. Elle était blonde et rose, mais la vérité m’oblige à reconnaître qu’un aimable artifice suppléait aux dons naturels à jamais disparus. Alors qu’elle approchait de sa cinquante-cinquième année, son mari, Léonard de Montserein, l’avait laissée seule dans notre vallée de larmes. Il lui laissait aussi une belle fortune. Ceci compense cela. D’autant plus que Mme de Montserein avait la forte conviction de n’être pas séparée de son chef disparu.

Elle s’était jetée avec ferveur dans les doctrines spirites. Un médium attaché à sa personne lui donnait quotidiennement des nouvelles de ce bon Léonard. Elle n’entreprenait pas un voyage, une démarche, un acte quelconque sans consulter le cher esprit. Avec une docilité remarquable, une fidélité digne d’être citée en exemple, celui-ci se tenait constamment à la disposition de sa femme bien-aimée. Nuit et jour il restait auprès d’elle. De son vivant, la présence constante du cher homme eût semblé bien insupportable, mais, le défaut capital de la jument de Roland, qui avait toutes les qualités et un seul vice : celui d’être morte, n’en est pas un pour les maris défunts.

— Eh bien, Jacques, que dites-vous de cela ? interrogea Mme de Montserein quand le savant eut fini de lire.

— Je dis… je dis… qu’à l’époque de bluff où nous vivons, les journalistes n’en sont pas à une invention près. Comment admettre que le gouvernement britannique permette que les salles de son plus beau musée deviennent des succursales de notre Salpêtrière ? Je ne puis croire à ces racontars ma cousine. Votre momie est un mythe, et son esprit n’a jamais existé !

— Mon cousin, vous n’êtes qu’un affreux sceptique. Apprenez, incrédule impénitent, qu’une de mes bonnes amies, la comtesse de Besson, revient justement de Londres, où elle se rend fréquemment pour consulter les médiums du bureau intermondial. Elle me rapporte que tout ce que l’on a écrit sur la momie est scrupuleusement vrai, que c’est