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cueil d’une personne bien riche, mylord. Voyons vite la momie elle-même !

Le chef d’atelier enleva dextrement le couvercle de carton et la momie, encore enveloppée de ses bandelettes blanches, se montra dans sa splendeur.

Les étroits rubans qui couvraient la partie supérieure du corps avaient été enlevés et placés à côté de la morte, dont on voyait le visage, les épaules, la gorge et les bras. Rien n’aurait sans doute révélé son âge à des profanes, si le rictus qui distendait les lèvres n’eût laissé voir des dents petites, blanches, intactes, telles que la jeunesse seule peut en montrer. La beauté presque vivante de cette dentition magnifique faisait un étrange contraste avec la peau tannée, les yeux enfoncés, le nez et les pommettes saillantes du cadavre embaumé.

Mais autre chose provoqua l’admiration de Smith, qui jura par tous les dieux du ciel égyptien, en apercevant la parure de la morte. Deux colliers enserraient encore son cou, des bracelets encerclaient ses bras, des gorgerins recouvraient de leurs délicates sphères la place de ses seins affaissés. Ces bijoux étaient les plus beaux que Smith eût encore vus.

Il s’attarda dans la contemplation des parures, puis il souleva légèrement les mains de la morte qui étaient couvertes de bagues, les unes en or finement ciselé, les autres munies de chatons où étaient sertis des cabochons d’émeraude, de saphir, de rubis ; le mouvement qu’il fit lui montra, dans la main droite de la momie, un bijou qu’elle semblait tenir pressé contre son cœur. C’était un disque d’or, autour duquel des mains, tenant de petites croix ansées, formaient comme une couronne de rayons.

— Tiens ! tiens ! tiens ! dit-il, en se baissant pour regarder de plus près l’objet qu’il avait découvert, voilà un bijou curieux, et qui permet d’assigner une date certaine à l’ensevelissement.

— Comment cela ? fit lord Charing.

— Cette représentation du disque solaire est familière à l’époque du dernier grand roi de la dix-huitième dynastie, Aménophis IV ; c’est le symbole d’Aten, le Dieu d’Amen-Hotep, l’hérétique Khounaten.

Smith se redressa brusquement, et courut vers le cercueil de bois, mais il glissa, tomba sur le nez, et brisa ses lunettes, tandis que l’organe, durement projeté sur le sol saignait abondamment.