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— La momie ? Messieurs, je ne comprends pas…

— Vous n’avez donc pas lu l’article du Daily Mail ?

— Non. De quoi parle-t-il ?

— Mais de vous, sir Septimus, et de votre momie turbulente.

Sir Septimus Long s’épongea le front, il sonna le valet de pied, et se fit apporter le malencontreux journal ; on lui montra en quatrième page un article intitulé :

« Le Directeur et la momie récalcitrante. »

Le maudit rédacteur racontait à sa manière les faits de la nuit. Il le faisait en raillant la simplicité de l’administration du Museum qui se laissait rouler par des mystificateurs hardis, et croyait à la puissance occulte d’une pauvre momie bien tranquille dans son cercueil depuis trois mille ans. Il terminait son méchant article en insinuant que le temps était venu d’appeler la police à l’aide, sans quoi les bijoux dont la collection nationale s’était enrichie passeraient de la poche du pays dans celle de particuliers peu scrupuleux.

Sir Septimus suffoquait. L’envie de jouer au bridge lui passait complètement. Il s’excusa, alla d’un pas pesant au téléphone du club, et appela John Smith.

— Allo ! Monsieur Smith. Est-ce vous ?

— Oui. Avec qui suis-je en communication ?

— Avec moi, sir Septimus Long.

— Ah ! bon ! c’est vous, sir Septimus. Quoi de neuf ?

— De terribles choses, mon cher Smith, de bien terribles choses.

Le téléphone était bon, et transmettait l’accent lugubre de la voix. Smith en fut impressionné.

— Quelles choses, sir Septimus ?

— La presse ! mon cher Smith, la presse ! Ces damnés journaux !… Le Daily Mail

— Mais quoi encore ? je ne comprends pas.

— Le Daily Mail raconte l’aventure de cette nuit.