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il poussait des cris comparables à ceux de la momie, et, en même temps, Leslie crut voir plusieurs éclairs illuminer la vitrine où reposait le corps de Nefert-thi.

Smith avait donné l’alarme. Brown et les deux Phipps accoururent, les lampes qu’ils portaient furent brisées dans leurs mains. Ebenezer se mit à genoux et pria, mêlant ses invocations à Dieu d’objurgations destinées au prince des ténèbres ; il fut renversé et piétiné.

L’arrivée de l’arrière-garde, suivie de Sullivan qui avait à son cou deux scapulaires, l’un brun, l’autre bleu et un gros chapelet, mit fin à la scène pénible dont sir Septimus et Ebenezer Phipps étaient les principales victimes ; le directeur gémissait sous son fauteuil ; Ebenezer, étendu sur le dos, continuait ses prières. Ni l’un ni l’autre n’étaient blessés ; sir Septimus voulut ordonner la retraite ; une exclamation de Smith arrêta sur ses lèvres la parole qu’il allait prononcer.

— Par Osiris ! Les bijoux sont sur la momie !

— C’est vrai ! s’écria Leslie.

Sir Septimus s’approcha d’un pas mal assuré, il n’en put croire le témoignage de ses yeux ! La momie avait autour du cou ses colliers ; sur sa poitrine, le gorgerin, aux doigts ses bagues, aux bras ses bracelets, aux jambes ses anneaux d’or !

— Puisque les objets sont retrouvés, Smith, il faut fermer la salle et nous retirer. Nous remettrons la chose en ordre demain, dit sir Septimus.

Il abandonna le champ de bataille, rentra chez lui en toute hâte. Il prit un bain de pieds chaud, une tasse de tilleul avec du rhum, et dormit mal ; des rêves affreux troublèrent son sommeil agité. La momie était dans sa chambre ; elle hurlait des menaces épouvantables contre l’Angleterre en général, contre le British Museum et contre lui, sir Septimus, en particulier. Le pauvre directeur transpira au point que son gilet de flanelle semblait avoir été trempé dans la Tamise.