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Le lendemain matin, le précepteur se réveilla, assis devant sa table, le nez dans un savant livre d’égyptologie. Avait-il rêvé ? Sur la foi des événements qui suivirent, il est convaincu du contraire.

Nefert-thi fut fidèle à sa promesse, et chaque soir elle vint rendre visite à Rogers, qu’elle s’obstinait à identifier avec un certain Améni, seigneur de haut rang, dont elle avait été l’amante.

Les visites de la princesse égyptienne n’auraient eu peut-être aucun inconvénient, si la fille d’Amen Hotep s’en était strictement tenue à son rôle d’institutrice ; mais elle manqua complètement de réserve et témoigna à son élève une sympathie exagérée ; elle fila avec lui le parfait amour… C’est l’intrusion de ce sentiment périlleux dans leurs entrevues qui causa tout le mal.

Personne ne soupçonnait l’étrange roman dont depuis plusieurs mois le jeune homme était le héros. Une réserve bien compréhensible lui faisait tenir secrètes ses relations avec Nefert-thi. On avait simplement noté avec surprise le zèle extraordinaire qu’il apportait dans ses études d’égyptologie. Son ami le docteur Martins le gourmandait, prétendant qu’il se surmenait et se rendrait malade.

Il est évident que la santé d’Edward Rogers ne pouvait supporter impunément ses excès de travail. D’autre part il est probable que d’autres causes de surmenage ont contribué à l’affaiblir.

Rien n’est plus mauvais pour un jeune homme que de vivre toutes ses nuits, soit véritablement, soit en imagination, à côté d’une créature extrêmement jolie, très amoureuse et vêtue d’une robe des plus indiscrètes. La chair est faible, et le cœur des égyptologues n’est pas toujours semblable à celui des momies qu’ils étudient. Or il est très pénible de ne pas pouvoir toucher à la ravissante visiteuse avec laquelle on flirte sans la réduire instantanément en vapeur.

Tel était le cas misérable de Rogers. Ne-