Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur le sol, l’âme déchirée par le remords, la douleur et l’amour.

— Relève-toi, Améni ! ordonna tout à coup la voix de Nefert-thi.

— Ah ! laisse-moi. Pourquoi m’as-tu demandé d’entraîner avec nous cette jeune fille ? Nous sommes coupables de sa mort ! Va-t’en !

Mais l’Anglais sentit que sa conscience se fondait en lui-même et il perdit la connaissance des choses de ce monde, pour ouvrir ses yeux à la contemplation de l’autre.

Avant de raconter la dernière vision de Rogers, je dois attirer l’attention du lecteur sur un point capital dont le docteur Martins ne tient pas suffisamment compte lorsqu’il accuse Magda de n’être qu’une comédienne, une intrigante, ayant abusé de son pouvoir hypnotique pour endormir Rogers à diverses reprises, et lui suggérer toutes ses hallucinations.

Peut-on sérieusement croire que la jeune Française ait été se noyer ou faire semblant de se noyer et imiter les apparences de la mort au point de tromper un homme aussi expérimenté que le docteur Hudson, un des praticiens les plus estimés des États-Unis ? C’est pousser bien loin l’invraisemblance.

De nombreux témoins ont vu Magda au sortir de l’eau ; son suicide est donc certain, sa mort n’a fait de doute pour personne, et le docteur Hudson refuse catégoriquement d’expliquer les événements qui suivirent et dont il a été témoin.

Car le médecin a signé le certificat de décès de Mlle Roberty. Rogers possède cette pièce ainsi que l’attestation de l’homme de l’art qui déclare avoir tout fait pour ranimer la jeune fille et l’avoir même saignée sans qu’une goutte de sang coulât de ses veines.

Pourquoi préférer, en présence de pareils témoignages, le système de Martins à celui de Rogers, confirmé par d’autres personnes ? Je ne vois aucune raison pour cela.

Or, voici ce que raconte l’orientaliste.

Quand il reprit conscience, il se trouvait dans un état particulier : il croyait bien posséder son corps matériel, mais il entendait et voyait clairement le fantôme de Nefert-thi.

Sur son ordre, il retira de son cercueil la momie qu’il prit dans ses bras et emporta