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des anneaux d’or encerclaient leurs jambes nerveuses.

Devant le trio, un orchestre de musiciennes : Syriennes à l’œil noir, filles de Danaus aux cheveux blonds, Chaldéennes expertes dans l’art des danses amoureuses.

Et soudain une jeune fille, dont la beauté ne le cédait qu’à celle de Nefert-thi et de Magda, s’avança, enroulée dans une écharpe faite de ces tissus légers que fabriquait l’Égypte, tissus si minces qu’une tunique pouvait passer dans une bague.

La jeune fille chanta et dansa. Son chant disait :

« Celui qui a dompté la nature est devenu le parfait et rien ne peut le souiller ; il est comme le rayon de soleil que le contact des choses les plus viles ne peut rendre impur.

» Et son cœur est semblable au disque d’Aten qui répand la lumière et la vie ; il rayonne l’amour, la joie et le bonheur comme le soleil dispense la chaleur et la force.

» Et il verse l’amour, et l’amour est autour de lui.

» Les lèvres des jeunes femmes sont la vase où il s’abreuve ; leurs yeux, le miroir où il se regarde. »

Puis furent évoquées les caresses enivrantes, la joie divine de l’amour.

La danse reproduisait par sa mimique le sens des mots chantés ; d’abord grave et lente quand elle parlait de l’initié et de sa perfection qu’aucune souillure ne peut atteindre, elle s’était animée en parlant des amants.

Les attitudes, pleines de langueur, disaient le regret de l’absence de l’amant. Puis, reprise sur un air plus vif, la saltation peignait la joie de son retour. Et le rythme était si doux, si obsesseur que Magda n’y put résister. Ses yeux se fixèrent sur les ballerines, puis elle se rapprocha d’Améni et noua ses bras autour du cou de l’aimé, dans un geste d’abandon.

Alors le tonnerre éclata : la salle, la danseuse, les musiciennes disparurent… les om-