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tête, la courbure élégante de ses bras, les mouvements gracieux de ses jambes.

Nefert-thi eut les yeux baignés de larmes en revoyant les scènes disparues de son enfance. Elle se jeta au cou de sa mère, essayait de l’étreindre, la couvrant de baisers passionnés, mais l’ombre maternelle demeurait insensible aux caresses filiales.

Tadukhipa n’était qu’une vaine image, n’ayant que l’apparence de la vie et reproduisant mécaniquement les actes jadis accomplis. Nefert-thi ne pouvait se faire entendre de l’immatérielle projection, étrangère à tout ce qui n’était pas l’immuable passé.

L’Égyptienne se tordit les bras de désespoir.

— Il est inutile de demander à cette ombre le secret qu’elle garde, dit Rogers. Elle ne nous entend pas, elle ne nous voit pas. C’est en nous-mêmes qu’il faut chercher la force nécessaire à ta renaissance, ma bien-aimée.

» Mes yeux s’ouvrent maintenant à la lumière. Nous nous sommes trompés en cherchant dans la poussière de la mort le secret de la vie. Je crois que tu renaîtras par le sang et par le feu ! Viens. »

Rogers reconnaissait son erreur, mais il était trop tard, car avec l’erreur vinrent la faiblesse et la tentation.

Les ombres furent entraînées dans une grande salle ornée d’une multitude de colonnes ; toutes étaient recouvertes de verre et de porcelaine émaillée ; elles resplendissaient comme des étoiles en réfléchissant la lueur des lampes suspendues en quantité dans les entrecolonnements.

Sur un divan placé au milieu de la salle et que surmontait un dais recouvert de tentures splendides, Ameni se trouva assis, ayant Nefert-thi à sa droite et Merytaten à sa gauche.

Les deux jeunes femmes portaient la robe transparente qui ne dissimulait pas leur beauté ; de magnifiques bijoux ornaient leur poitrine, leur front et leurs bras,