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— Je suis prête, princesse, fille du Soleil.

— Tu parles bien, Merytaten, et je te retrouve telle que je t’ai connue. Endors Améni pour que nous allions ensemble où nous devons aller.

Rogers s’allongea sur le lit de camp. Merytaten appuya ses mains sur son cœur et sur son front. Bientôt le double se dégagea et s’approcha de Magda.

— À ton tour, Merytaten, dit l’ombre de l’Anglais.

Magda s’étendit auprès du corps semblable à un cadavre, et puis, pensant à sa mort possible, elle appuya brusquement ses lèvres sur celles de son ami, et se recoucha.

— Tu prends tes précautions, Merytaten, remarqua Nefert-thi en riant.

Mais ses sourcils s’étaient involontairement froncés.

Magda s’engourdissait, quelque fluide emportait avec lui la vie de la jeune fille, comme par une large blessure ouverte dans la poitrine.

Elle reprit connaissance et ouvrit les yeux : elle était à côté de Nefert-thi et de Rogers ; son corps reposait auprès de celui de l’Anglais, mais, par inadvertance sans doute, ses bras entouraient le cou de son voisin, et deux paraissaient être morts.

— C’est, assure Mlle Roberty, une impression très attristante. Se voir le corps d’un côté et l’âme de l’autre est une source d’émotions pénibles, alors surtout que l’on a perdu tout sentiment de la pesanteur et que l’on obéit au moindre désir de mouvement que se représente l’intelligence.

C’est ainsi que la jeune fille ayant pensé à son père se trouva immédiatement transportée dans la chambre où l’archéologue dormait d’un sommeil peuplé de rêves cunéiformes.

Rogers dut ramener à lui l’ombre de Magda.