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Toutefois, à mesure que l’heure où elle devait le revoir devenait plus prochaine, une sorte de malaise s’emparait d’elle, et le sentiment de la honte dominait son âme ; c’est pour éviter les premiers regards de l’Anglais qu’elle rendit la salle à manger plus sombre que de coutume, et qu’elle se réfugia dans son coin le plus obscur.

— Bonjours, mademoiselle Magda !

— Bonjour, monsieur Rogers.

Les voix tremblaient un peu, et les mains restèrent unies plus qu’il n’était nécessaire.

— Qu’il fait noir ici, mon enfant ! s’écria M. Roberty en embrassant sa fille.

— C’est pour avoir quelque fraîcheur, papa. La chaleur est si forte !

— Donne-nous un peu de lumière tout de même.

Magda écarta le rideau qui pendait à la porte d’entrée, seule ouverture de la petite chambre, et Rogers put contempler à son aise le joli visage aux grands yeux violets. Et sous l’acuité de son regard, les joues se coloraient de rose et les yeux se faisaient suppliants.

Par un accord tacite, les jeunes gens demeurèrent dans la salle à manger, tandis que M. Roberty allait faire sa sieste. Quand ils se trouvèrent seuls, un silence embarrassant immobilisa leur pensée. Rogers enfin fit un effort et parla.

— Mademoiselle Magda, comment êtes-vous, ce matin ?

— Très bien, monsieur Edward.

C’est la première fois qu’elle appelait ainsi Rogers, et le jeune homme trouva que le prénom sonnait plus doucement à l’oreille que le nom.

— Vous n’êtes pas fatiguée ? Vous avez bien dormi ? reprit-il, avec hésitation.

— J’ai très bien dormi. Et vous ?

— Moi aussi.

Il comprenait que ces phrases insignifiantes n’étaient que des prétextes pour retarder l’explication attendue. Ce fut encore Rogers qui aborda directement la question.