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nance de sa présence dans la chambre de l’Anglais fut le plus puissant ; elle cacha son visage dans ses mains.

Nefert-thi se mit à rire.

— Souviens-toi, souviens-toi, Merytaten.

Magda sembla reprendre possession d’elle-même. Elle revint auprès de l’Égyptienne et s’assit à ses côtés, en s’entourant de son vêtement.

— Je me souviens, Nefert-thi.

— Tu as gardé la mémoire des promesses consenties tout à l’heure ?

— Oui.

— Les tiendras-tu ?

— Oui !

— Alors, à demain ! Viens ici et endors Ameni, comme tu l’as endormi quand il m’a délivrée à Londres.

— Je viendrai.

L’ombre disparut aussitôt après avoir fait le simulacre d’embrasser tendrement Magda-Merytaten, mais celle-ci ne sentit que le contact d’une chose subtile comme un souffle, et elle se trouva seule avec Edward.

Les sentiments sont plus rebelles au changement que les idées ; l’éducation elle-même est ordinairement impuissante à les modifier, car ils représentent probablement le fond héréditaire de notre nature, les bases ancestrales sur lesquelles repose la fragile superstructure qu’est notre personnalité.

La pudeur est un de ces sentiments, particulièrement chez la femme, car l’homme s’est attaché à la développer, à en faire le patrimoine atavique de sa compagne.

Les formes qu’elle revêt sont conventionnelles ; mais le sentiment qui en fait la force est presque immuable. Aussi Magda fut-elle dans un état psychologique lamentable en se trouvant, à minuit, vêtue d’un déshabillé dont elle connaissait les irrémédiables indiscrétions, dans la chambre de Rogers, en tête à tête avec le propriétaire d’icelle.

Elle gémit les paroles que les dames de tout rang et de toute catégorie ont accoutu-