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l’ordonnance des choses ; tantôt sa mentalité moderne se révoltait à voir Magda dans sa chambre, au milieu de la nuit, presque nue.

La conversation des deux jeunes filles continuait cependant.

— Si tu péris, Merytaten, nous périrons avec toi.

— Non, Nefert-thi. Je périrai seule, ou du moins une partie de moi-même s’en ira pour te laisser la place, si l’œuvre ne réussit pas.

» Mais mon âme retrouvera bientôt un asile, et c’est ma chair devenue ta chair qui l’abritera.

— Merci, fille de notre père tout-puissant, Aten ! Réveille-toi maintenant, car tu dois te souvenir de ce que tu as vu et de ce que tu as dit ; il faut que Magda et Merytaten connaissent leur identité. L’une ne doit rien ignorer des promesses et des actes de l’autre.

Et Nefert-thi promena ses mains aux doigts allongés sur le front et la poitrine de Magda, allant de gauche à droite et de droite à gauche. Bientôt la française soupira, ouvrit les yeux et regarda autour d’elle.

— Où suis-je ? dit-elle comme en s’éveillant d’un songe. Nefert-thi ! reprit-elle, je te revois enfin, après les longs siècles écoulés. Ameni, c’est toi ! Vous voilà réunis.

Aussitôt une vive rougeur colora le visage de Mlle Roberty, qui se leva brusquement, ramena le léger peignoir de soie sur sa poitrine nue et s’éloigna du lit.

— Monsieur Rogers !

Le trouble des idées de Magda était tel qu’elle n’arrivait pas encore à se rendre compte de l’extraordinaire situation où elle se trouvait.

Elle éprouvait cette impression d’irréalité qui s’empare de nous au moment où nous revenons à la vie consciente, au milieu d’un songe qui dure encore malgré notre réveil.

Mais bientôt le sentiment de l’inconve-