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dont le corps transparaissait sous une sorte de gaze.

Mais était-ce une fellahine ? Sans doute Rogers lui avait donné les bijoux de sa momie, car ils ornaient son cou, ses épaules, ses bras et ses jambes aux fines attaches. Magda eut le cœur bien gros, car l’Égyptienne était d’une merveilleuse beauté et elle aimait certainement le jeune Anglais, car elle était assise sur ses genoux et lui parlait tendrement.

La jeune fille écouta encore : elle distinguait mieux les voix. Elle prêta l’oreille avec plus d’attention. Était-ce possible ? La femme parlait correctement l’anglais, avec une légère prononciation étrangère.

Mais alors ! Ce n’était pas une paysanne, sûrement non ! Ses expressions étaient choisies, le ton était élégant. Que disait-elle ?

Comme pour répondre au secret désir de Magda, la voix féminine devint plus claire et plus sonore.

— La tristesse m’envahit le cœur, Améni. Les signes qui annoncent l’heure de l’épreuve finale se sont montrés, J’ai peur.

Le silence se fit ensuite et Mlle Roberty eut beau se donner mal à la tête en tendant toute son attention sur les impressions de son ouïe, elle n’entendit plus rien.

On aurait juré qu’un démon malin lui avait permis de surprendre ces mots pour donner un nouvel aliment à sa curiosité. Magda en effet souffrait physiquement à force d’être intriguée.

Elle eut la patience de surveiller toute la nuit, comme un détective l’unique entrée de la chambre du jeune Anglais et ne vit personne sortir.

À l’aube, Rogers parut, vêtu de son uniforme de travail ; il ne ferma pas sa porte à clef et sortit, accompagné de M. Roberty.

Magda ruminait dans sa mémoire les mots entendus. Pourquoi cette femme avait-elle prononcé le nom étrange d’Améni ? Qui appelait-elle ainsi ? Que voulait-elle dire en parlant d’une épreuve finale ?