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Il prit congé de la jeune fille, qui s’enferma dans sa chambre, pensive et désorientée ; son cœur vierge venait, pour la seconde fois, d’être touché par la chaude haleine de l’amour, et il semblait qu’il fût devenu très gros et très lourd ; il l’étouffait.

Et sans savoir pourquoi, elle appuya son front sur ses mains et se mit à pleurer ; chose étrange, elle pleurait et n’avait aucun chagrin, ses larmes coulaient comme un torrent et elle les trouvait douces.

En pénétrant dans sa chambre, qui faisait vis-à-vis à celle de Magda, Rogers n’avait pas la conscience tranquille ; il se reprochait d’avoir goûté trop de plaisir dans la compagnie de la jeune fille, et il craignait que la susceptible Nefert-thi n’en prît ombrage.

Aussi fut-il agréablement surpris en voyant l’ombre venir vers lui toute souriante.

— Tu as fait une longue promenade auprès de notre père Hapi avec la fille brune ?

— Oui, chère Nefert-thi.

— Te plaît-elle ?

— Oui, ma bien-aimée, parce qu’elle te ressemble un peu.

— Cette jeune fille est belle. Je la reconnais.

— Tu la reconnais ?

— Oui, c’est Merytaten ; elle portait le même nom qu’une de mes sœurs. Elle était la fille de Rameses qui gouverna Thèbes alors que mon père n’avait pas encore quitté cette ville infestée par les prêtres de Râ.

» Elle fut consacrée à Aten et attachée au Temple. Tu l’as connue, Améni.

— Moi !

— Ne te souviens-tu pas de la jeune fille qui veillait auprès de nous quand tu venais me voir ?

— Non, chère Nefert-thi, pas du tout.