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Les premières journées du Français et de sa fille furent employées à leur installation. Au bout de cinq ou six jours, les deux savants et la jeune fille prirent des habitudes régulières.

Roberty et Rogers surveillaient les fouilles dans la journée ; le dîner réunissait les trois Européens à sept heures et demie ; une longue causerie suivait le repas et chacun regagnait sa chambre vers dix heures du soir.

Entre ces trois personnes qui se connaissaient, s’estimaient et s’appréciaient, l’intimité la plus familière ne tarda pas à s’établir. Magda cessa bientôt de faire toilette pour le dîner auquel son père et le jeune Anglais assistaient en costume de voyage.

Elle ne voulut pas cependant renoncer aux agréments des corsages bas fort appréciables dans un climat aussi chaud que celui de l’Égypte moyenne ; elle adopta des jupes de toile et des blouses un peu décolletées, qui dégageaient son cou et ses épaules, en laissant voir les lignes gracieuses de leurs attaches ; de courtes manches montraient ses bras délicats aux teintes d’ivoire rosé.

Quoique impropres à l’alimentation, ces jolies choses excitaient dans l’âme de Rogers des sentiments que les psychologues nomment des appétits, et les appétits du jeune homme étaient d’autant plus vifs que nous connaissons le régime essentiellement apéritif auquel Nefert-thi soumettait son amoureux platonique.

L’orientaliste avait d’ailleurs une excuse, il retrouvait dans la physionomie de Magda des traits qui rappelaient étrangement ceux de Nefert-thi ; leurs cheveux noirs bouclés, leurs lèvres charnues, leur nez mince, leur figure ovale étaient semblables.

Les yeux différaient un peu ; ceux de l’Égyptienne étaient noirs comme du jais, ceux de la Française paraissaient violets ; mais la différence n’était pas grande, car la nuance de l’iris était si foncée