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En un clin d’œil il avait franchi les maisons de Paris, les bois, les prairies, les rivières, d’autres villes plus petites, un bras de mer, des campagnes vertes et boisées, puis d’autres villes, enfin une cité immense : Londres !

Le fil lumineux l’attire encore, il sait que ce fil rejoint Nefert-thi au manuscrit qui a été enseveli avec elle et qu’il a pris soin de mettre sur son cœur ; il se laisse aller plus lentement, il reconnaît la Tamise, les quais, il s’engage dans une rue perpendiculaire au fleuve, pénètre dans une boutique dont les volets sont clos, gravit des escaliers, entre comme un souffle d’air dans un grenier, et là, assise sur son sarcophage, il aperçoit Nefert-thi…

— Enfin, tu es venu, Améni ! Mais prends garde ! Prononce les paroles sacrées qui feront autour de toi un rempart !… Je ne m’en souviens plus ! Je ne m’en souviens plus !

Au même moment il semble qu’une fumée asphyxiante remplit la pièce ; dans ces ténèbres visqueuses se meuvent des formes rampantes, des oiseaux monstrueux battent des ailes, des dragons jettent des flammes par leur bouche armée de dents crochues… Rogers ne connaît pas cependant la peur, il allonge ses bras en avant, il tend les doigts en un énergique effort de volonté, et de l’extrémité de ses phalanges raidies, des jets de feu jaillissent semblables à l’éclair qui foudroie.

Les animaux immondes s’enfuient alors, les ténèbres se dissipent et Nefert-thi, joyeuse, se lève, vient à lui… Il la saisit, la presse sur son cœur.

— Chère bien-aimée, je te retrouve enfin !

— Améni ! Améni ! tu ne sauras jamais ce que j’ai souffert ! Maudite soit l’heure où j’ai douté de toi ! Mais te voici…

— Rien ne nous séparera désormais. Je reviendrai te chercher et je ne te quitterai plus. Comment as-tu disparu ?

— On m’a volée, Améni.